Souvenez-vous, Amaryllis a été très, très tôt passionnée par les lettres. Ce fut une première étape courte mais très intense (un mois, dans mon souvenir) : je me souviens encore de la tension qui régnait dans le salon lorsqu'elle y travaillait. Pas une tension négative de mauvaise ambiance, une tension qui fait avancer (courir même) : elle était engagée corps et esprit dans ce processus et cela se ressentait physiquement (si si, je vous assure !). Je sortais épuisée de nos courtes (une demi-heure) séances !
Après un temps de latence (6 mois), j'avais repris le "je devine" et les lettres rugueuses. Était venue ensuite la joie du premier mot.
Nous avons déroulé la progression Montessori : écriture spontanée, dictées muettes, pochettes des phonèmes, pour en arriver à un autre grand moment : l'explosion de la lecture .
Elle avait connu la joie d'écrire, d'envoyer ses premières lettres (numériques).
Erreur, grande erreur. Amaryllis est très volontaire, comprend très vite, ... mais n'aime pas du tout "cent fois sur le métier remettre son ouvrage". La répétition l'ennuie terriblement. Sauf que, pour s'améliorer en lecture, il n'y a pas d'autre solution que de lire souvent ! Plus on lit, mieux on lit et avec plus de plaisir.
Un autre frein est venu s'ajouter à celui-ci : la naissance de Serpolet. Si mignon soit-il, ce petit frère prend de la place, occupe papa et maman... (et cela a dû également lui rappeler les premiers mois compliqués après la naissance de Pervenche). Donc plus question de faire des choses de grand (sauf le vélo, faut pas pousser quand même ;-) !). Surtout ne plus aborder la préparation à la Première Communion. Ne pas évoquer le mot "lecture". Se sauver dans l'escalier à l'heure du départ au caté. Même ses chers cours de danse étaient compliqués (ah oui, Pervenche et Serpolet, eux, restent avec Maman...).
Petit à petit, elle a appris à aimer son petit frère, à jouer même avec lui. Elle a fini par sentir que notre amour pour elle n'avait pas diminué.
Mais la lecture... non, ça ne passait pas (ou presque) malgré mes ruses siouxes pour lui proposer différents moyens plus ou moins subtilement détournés ou mes tentatives de corruption avec des raisins secs. Rien à faire.
Nous avons décidé au printemps dernier de laisser tomber, de ne faire aucun commentaire, aucune proposition et de s'y remettre à fond en septembre.
L'été passé, voici donc le moment de s'y mettre...
Il me semblait que 15 minutes de lecture par jour seraient à la fois supportables (pour elle... et pour moi ! car je savais que cela me demanderait un grand effort) et profitables pour relancer cet apprentissage. Je me suis préparée psychologiquement et j'ai annoncé la couleur : on lira pendant quinze minutes tous les matins (et quinze minutes efficaces ! sinon on prolonge), en commençant par cela, et tant pis si on ne fait que ça de la matinée !
Pendant un mois, il y a eu des larmes et des grincements de dents, des sourcils froncés, des moments d'agacement (voir de colère), des tentatives de négociation ("je lis ce mot et vous lisez les 3 suivants"... non ma chérie, moi je sais lire !). Mais j'étais décidée, il fallait l'aider à passer ce cap difficile.
Petit à petit, ce moment quotidien se faisait avec moins de protestations (un peu quand même, pour la forme).
Un jour, je lui ai tenu un grand discours sur la nécessité de lire, et l'encouragement à choisir d'utiliser son énergie pour avancer plutôt que de m'obliger à la traîner (désagréable pour elle comme pour moi)... qui l'a laissée de marbre.
Prise d'une inspiration divine (il fallait bien cela !), je me suis emparée de notre cher minuteur et décrété : "Tu dois avoir fini ces 3 pages avant le minuteur. Si tu gagnes, tu as un Bon Point. Tu s'assois et tu LIS ! ".
Pouf. Elle s'est exécutée. Youpi ! Ce fut à recommencer le lendemain, un peu plus facilement et de mieux en mieux.
Fin octobre, il y avait encore parfois quelques protestations pour la forme (chassez le naturel, il revient au galop), mais le principe des 15 minutes était acquis ! Elle avait même lu son premier vrai livre.
Le déclic final, comme je le vous racontais ici, a été des vacances passées avec une chère cousine, un peu plus âgée, qui lui ont fait goûter au plaisir de lire raconter des histoires aux autres.
On peut dire maintenant, non seulement qu'elle sait lire, mais qu'elle aime lire. Un grand pas a été franchi.
Et quelle joie, pour nous parents, de l'entendre dire un soir à son Papa : "avant, je n'aimais pas lire, ça me fatiguait, mais je l'ai fait quand même et maintenant j'aime bien !".
Joie de la voir entrer dans ce monde merveilleux de la lecture (elle lit maintenant TOUT ce qui lui tombe sous les yeux)
Joie d'un apprentissage maîtrisée.
Mais aussi, et surtout,
Joie d'avoir su l'aider à franchir ce cap, à mettre sa (grande) volonté au service de son but !
Joie de la voir grandir !
Joie d'un apprentissage maîtrisée.
Mais aussi, et surtout,
Joie d'avoir su l'aider à franchir ce cap, à mettre sa (grande) volonté au service de son but !
Joie de la voir grandir !
Amaryllis à 4 ans |
Nous avons eu un bras de fer l'année dernière en juin avec la grande (avant ses 4 ans). J'ai donc tout laisser tombé aussi et nous avons repris en septembre avec beaucoup de changements : une maman mieux formée, un salon totalement repensé pour faire un vrai coin d'activité dans la véranda, plus d'activités, et une routine du matin totalement différente (merci Gwen et Flylady !).
RépondreSupprimerBon malgré tout nous avançons lentement, à 4 ans et 3 mois, nous n'avons pas teminé toutes les lettres mais commencé la première dictée muette et l'écriture spontanée (elle y arrive bien mais l'explosion n'est pas encore vraiment là), toujours sur les barres rouges et bleues, elle vient de se débloquée en calligraphie (ouf).
Haut les cœurs !
Servane
Elle est encore jeune, ça va venir !
SupprimerBonjour,
SupprimerOui, il ne faut pas oublier que dans d'autres méthodes alternatives (Steiner-Waldorff si je ne me trompe pas) on aborde la lecture/écriture vers 7 ou 8 ans. Et dans l'éducation nationale, ben,c'est 6-7 ans. Même chez Montessori, l'important est de suivre les centres d'intérêt de l'enfant, pas de lui imposer des choix d'adultes. Alors si à 4 ans 3mois c'est pas son truc, elle a bien le temps!
Oui Crécerelle, vous avez tout à fait raison. En fait avant d'être formée j'avais commencé les lettres avec elle mais elle n'était effectivement pas prête. Depuis je me suis formée et elle était prête (du moins il y avait un réel attrait pour les lettres et les sons) mais l'organisation de la maison n'a pas permis que nous nous jettions vraiment dans cet apprentissage.
RépondreSupprimerTout cela fait qu'il y a une certaine lassitude chez nous 2.
Malgré tout il ne nous en reste plus que 4 !
Et surtout avec mon 2 ème on fera mieux !
Servane