En observant Amaryllis ces temps-ci, je suis fascinée par l'importance et la puissance Le ldu langage dans la construction de l'enfant - et pour toute la vie !
Elle se trouve vraiment dans la période sensible du langage ; tout, au quotidien, est prétexte à demander "comment s'appelle ça ?"... Elle boit son chocolat tiède, le lit est mou, tandis que le sol est dur, ce genre de petit balai rose se nomme un plumeau ; et si on demande à quelqu'un comment il s'appelle, c'est le prénom.
Une fois que j'ai introduit le mot (sans l'article, et avec le minimum de paroles), elle me redemande de nombreuses fois "comment s'appelle ça ?".... je réponds plusieurs fois, en disant le mot seul, et en variant l'intonation. Puis pour clore la leçon (et faire une sorte de vérification), je me trompe exprès : "chocolat ! "... elle me corrige "non, plumeau !". C'est parfois l'occasion d'exercer sa conscience phonologique (activité spontanée, à ce stade je ne suggère pas !) : "kiri.... on entend comme guéri !"
Je mesure l'importance de la parole juste et claire : dire le mot approprié (j'entends trop souvent Amaryllis parler de "tuc"... comprendre un "truc"... il faut que je me corrige ! ), donner une explication simple mais vraie (possible à tout âge, même si ce n'est pas forcément facile à trouver !)
Amaryllis utilisait souvent "lourd" pour "difficile".... jusqu'à ce que je comprenne : quand elle poussait ma bassine de linge, je lui disais "ah, c'est lourd !"... tandis que son ressenti concernait plutôt la difficulté à pousser, et pas du tout le concept de poids (puisqu'elle ne porte pas). Elle va attendre les tablettes baryques !
Pour apprendre la politesse, notamment "s'il vous plait", nous avions l'habitude de dire à une demande impérieuse du type "encore de l'eau !!" : "je n'ai pas bien entendu ? ou je n'ai pas compris ?". Jusqu'au jour où, n'ayant réellement pas compris le charabia une explication d'Amaryllis, je lui ai demandé - pour qu'elle répète autrement : "je n'ai pas compris ?".... Elle a aussitôt dit "s"il vous plait !" - ce qui ne m'a pas aidé !
J'ai réalisé à ce moment que je lui disais quelque chose d'inexact : j'avais très bien compris sa demande, je voulais seulement qu'elle la formule d'une façon plus gentille ! Nous utilisons donc maintenant notre petite phrase : "Les oreilles de mon coeur n'ont pas bien entendu ?". La formulation sonne très enfantine (espérons qu'elle aura vite le réflexe spontanément ! ), mais elle nous parait plus juste.
De même, il nous parait essentiel, fondamental de dire toujours la vérité à l'enfant ; ceci pourrait être développé pendant plusieurs pages ! mais la base pour moi est celle de la confiance : quand je te dis quelque chose, c'est vrai, tu peux compter sur ma parole. Quand l'enfant réalise qu'on a menti (et cela arrivera toujours), quel drame ! et comment par la suite pourra-t-il savoir si c'est la vérité ? C'est - entre autres - pour cela que nous raconterons le Père Noël, la Petite Souris et compagnie comme des contes, et pas comme la réalité ! C'est pour cela que je bondis (intérieurement...) quand j'entends des parents dans la rue dire "tu viens tout de suite, où je te laisse ici !"... Le feraient-ils vraiment ?!
Cela nous oblige, en tant qu'éducateur, à perfectionner notre unité de vie : "fais ce que je dis ET ce que je fais". Les enfants nous regardent et nous imitent en permanence, cherchons à nous améliorer !
C'est ce qui m'a fait réaliser que j'étais contre la fessée (grand débat...!) : avant d'avoir des enfants - et d'y réfléchir, je me disais "ça ne leur fait pas mal, c'est un signe pour bien leur montrer une interdiction".... sauf que comment puis-je interdire à Amaryllis de taper sa sœur qui lui casse ses jeux, si moi-même (et souvent sous le coup de la colère) je donne une fessée (même sans violence) ? D'ailleurs quand je m'énerve et que j'ai "des fourmis dans la main", Amaryllis me rappelle d'un ton rageur "non tu me tapes pas !!". Cela me permet en toute humilité de prendre conscience à quel point la colère et l'envie de taper peut être forte chez un enfant, si même moi, adulte, je la ressens et je dois faire un effort pour la maîtriser.
Et si la parole est d'argent, le silence est d'or : j'essaye petit à petit de faire prendre conscience à Amaryllis de sa valeur, de son importance. On n'écoute pas en continu les CDs de chansons enfantines (sa passion du moment !), on parle doucement, on écoute les oiseaux qui pépient, on fait le calme dans son cœur avant de dormir... J'ai introduit une mini leçon de silence, et elle a bien accroché. Elle découvre également la prière silencieuse.
Pour conclure, une petite histoire pour apprendre à parler à bon escient : Les trois tamis de Socrate. Ce que je vais dire est-il bon ? vrai ? utile ? (ou marrant - rajoute souvent mon mari ;-) !)
Edit : je voulais également parler de l'importance du langage pour reconnaître et gérer nos émotions et ceux des enfants... j'y reviendrai !
Edit : je voulais également parler de l'importance du langage pour reconnaître et gérer nos émotions et ceux des enfants... j'y reviendrai !