jeudi 20 avril 2017

La question du bonheur

Réflexion critique au sujet de "l'éducation bienveillante", 
à la lumière de ma vision de l'éducation chrétienne.



Pour compléter mon article d'hier, suite à vos commentaires toujours enrichissants, voici quelques précisions :

J'écrivais "Au final, le but proposé par l'ENV n'est pas juste : nous éduquons nos enfants pour Dieu, pas seulement pour leur épanouissement humain. Pour des parents chrétiens, le but de l'éducation n'est pas d'être épanoui mais d'être saint. "

Je voudrais donc réfléchir avec vous sur la question du bonheur.

Par cela, je ne veux pas dire qu'il faut ignorer ou nier la souffrance (physique, psychologique), ou ne pas tout faire pour améliorer la situation, 
mais plutôt que "Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît." (Matthieu 6 33).

Bien sûr, Dieu nous a créé pour être heureux (et pas seulement au Paradis, mais déjà sur terre).
Dieu nous veut saint, car la sainteté, c'est le Bonheur suprême, celui vers qui toute notre vie doit tendre.

Même si le point de vue séculier distingue bien le plaisir (immédiat, pas forcément bon pour moi) et le bonheur, si beaucoup de vertus sont d'abord humaines avant d'être chrétiennes (la maîtrise de soi, par exemple, cf les philosophes grecs stoïciens ou épicuriens), il me semble que le bonheur (humain) accompagne toujours le bonheur-sainteté... ou plutôt devrait l'accompagner, si le péché originel n'avait pas tout embrouillé.

Et le chemin de sainteté passe, parfois et chacun selon notre appel, par un renoncement à un bonheur humain. Savoir supporter une petite contrariété (ou une grande !!) en silence, sans rien dire ; savoir se priver volontairement du superflu... ou (de façon mesurée) du nécessaire, tout cela me semble absent de l'ENV. 
(tout cela, de façon adaptée à l'âge et à la maturité des enfants ; mais il n'y a pas du tout besoin d'attendre l'âge adulte ou adolescent !)
Par exemple, si je me prive d'un morceau de chocolat, à l'intention de telle personne qui souffre, cela n'augmentera en rien mon bonheur humain (ou si, un peu, par la maîtrise de soi). Mais ce sera un pas vers Dieu (si c'est fait avec justesse).
Si je cherche à être saint, je connaîtrais forcément le bonheur (même sur la terre), tandis que si je cherche à être épanoui / heureux humainement, ... je ne serais pas forcément saint et donc pas pleinement heureux.

L'ENV nous invite à nous questionner : "suis-je capable de donner plus pour autrui ?"
Mais chercher la sainteté nous amène à nous demander : "Comment puis-je faire pour être en mesure de donner plus ?".

Pour en revenir à l'éducation bienveillante, il me semble qu'elle cherche avant tout un "bien vivre ensemble", un épanouissement personnel, qui ne sont absolument pas à rejeter, mais qui, selon moi, ne devraient pas être le but direct de notre éducation.




4 commentaires:

  1. Merci d'avoir développé, cette réflexion le mérite !!
    Hum oui alors justement je ferais une distinction entre plaisir et bonheur.
    Renoncer à un plaisir et l'offrir: oui! Surtout qu'on sait qu'avec la communion des saints, cette offrande est efficace
    Renoncer à son épanouissement ? Hum. Le moduler, certes (la vocation de parent, par exemple, impliquera de gros sacrifices). Mais pas y renoncer. Pour moi c'est là que réside la force de la notion de vocation: si on est appelé au cloître par exemple, ce n'est pas "juste" pour sacrifier sa vie: on va y trouver une forme de bonheur, et ce n'est pas une voie qui est faite pour tous.
    De la même manière, dans un mariage : les moments douloureux, je peux les offrir ; mais mon premier devoir est de tout faire pour les surmonter, pour reduire la distance qui me sépare de mon conjoint par exemple.

    Je trouve intéressante cette notion d'une ENV "insuffisante", mais j'aurais plutôt tendance à positionner le danger sur la conception et la temporalité du bonheur recherché : accepter que le bonheur parfait n'est pas de ce monde. Et que pour vivre en vérité certains sacrifices douloureux seront nécessaires. Mais pour moi ces sacrifices ne nuisent pas au vrai bonheur : si je reprends l'exemple de la vie de couple, oui "rester" avec mon conjoint va être très difficile à certains moments, accepter ses défauts, guérir des blessures infligees, et accepter les défauts qu'il me révèle chez moi ainsi que reconnaître les blessures que je lui inflige. Mega relou tout ça ! Et à certains moments, il faut la foi et la certitude que cela a un sens qui nous dépasse (transcendance) pour persévérer et ne pas décider de classer le dossier. MAIS c'est aussi source d'un grand bonheur sur terre...

    (C'est un peu brouillon comme réponse. En plus je suis sur téléphone car Monsieur Bout s'énerve sur le "débat" avec l'ordinateur...😊)

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    1. Je pense que je suis d'accord avec toi (je suis fatiguée ;-) ). Il faudra qu'on en discute en vrai, ce sera plus simple !
      Oui la vocation est un appel au Bonheur, dans l'autre Vie et aussi sur terre, quelle qu'elle soit (franchement, y'a des jours où je me dis que j'aurais du être ermite ! :-D )

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  2. Je suis plutôt d'accord avec toi. De ce que j'ai pu voir de l'ENV, c'est effectivement la quete de l'épanouissement personnel qui prime, mais à mon sens celle-ci ne peut mener vers le bonheur. Ce qui amène vers lui je pense est le don de soi et une petite dose de sacrifice. L'ENV de ce que j'en ai vu amène les enfants a faire les meilleurs choix pour eux-même tout en tenant compte des autres mais sans jamais les faire passer avant. Et je pense que cela amène plus tard a une vie de quête perpétuelle de soi et non pas en soi, puisque l'enfant intègre indirectement qu'il trouvera son bonheur dans ce qu'il obtient et non dans ce qu'il donne. Si on lui apprend a donner et, toute proportion gardee, à se sacrifier, il apprend à trouver la joie en lui, indépendamment de ce au'il obtient, de l' extérieur. Bon je sais pas si c'est clair mais en tout cas merci pour ta réflexion, hâte de lire la suite !

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