Je conçois l'IEF comme un contrat entre l'enfant et ses parents. Car, si le mode d'instruction est décidé, en dernier recours, par les parents, il me semble difficile de continuer l'IEF avec un enfant qui n'est pas un minimum coopératif...
Cela concerne bien sûr un enfant en âge de comprendre cet engagement et la nécessité de s'instruire, donc vers 4 ou 5 ans.
Donc pour que tout cela se passe bien chez nous, voici la discussion que nous avons eu avec Amaryllis, avec écriture commune d'un contrat, sur le mode de la "résolution de problèmes" inspirée de Jane Nelsen (
merci Gwen pour la suggestion !).
Premier principe philosophique : TOUS les enfants s'instruisent.
Dès le début de la discussion, Amaryllis a remis en cause ce principe... : Non, moi je ne veux pas travailler !!
Ça commençait bien ! Grande respiration et ...
"Que penserais-tu d'une maman ou d'un papa qui ne sait pas lire ? Elle ne pourrait pas raconter d'histoires à ses enfants, ou lire les panneaux pour savoir ou aller sur la route- ... qui ne sait pas compter ? on ne pourrait pas acheter la nourriture au marché"
Et si moi, maman, je ne faisais pas mon travail, qu'est-ce qui se passerait ?
On n'aurait rien à manger, pas d'habits propres, ...Et si papa n'allait pas travailler ?
On n'aurait pas d'argent pour acheter à manger, aller au cours de danse, ...
Si tu arrêtais de manger ?
... je vais mourir de faim.Eh bien, quand tu refuses d'apprendre, c'est ton cerveau qui meurt de faim. C'est essentiel pour grandir.
Donc tout le monde travaille. Le travail des enfants, c'est de s'instruire pour pouvoir être un bon adulte plus tard.
Et la responsabilité des parents, c'est de veiller à ce que leurs enfants apprennent ce qui est important.
Deuxième étape : le choix de l'IEF.
Amaryllis et Pervenche ont, à ce stade, émis le souhait de continuer l'IEF (ça tombait bien 😁...).
Amaryllis a commencé par dire qu'elle voulait aller à l'école, mais après discussion, elle s'est avérée qu'elle aimerait voir ses amies plus souvent... donc résolution prise de les inviter régulièrement.
Dans l'IEF tel que nous le concevons, il y a une partie de formel, d'apprentissages dirigés et décidés par l'adulte (moi !).
Donc : "Amaryllis choisit de travailler avec Maman. Maman sait les choses importantes à apprendre".
Ca, ce sont les devoirs de l'enfant.
Ses droits,
mes devoirs en tant que parent instructeur, c'est de leur assurer une instruction compatible avec leur mode de fonctionnement, leurs difficultés, ce qui leur attire, ... De les instruire de façon entièrement personnalisée (et souple, aussi souvent revue que nécessaire).
Troisième étape : et concrètement ?
Le reste de la discussion était plutôt sur le mode pratique, horaire et organisation du travail.
Voici quelques questions que je lui ai posées :
- Comment faire pour que le temps d'instruction se passe bien ?
- Qu'est-ce qui est important pour toi ?
- Comment puis-je t'aider à te remettre au travail quand je sens la dissipation arriver ?
- De quoi as-tu besoin pour être bien installée ?
Et tant que nous y étions, toute l'organisation de la journée y est passée !
Alors, efficace ?
Le premier jour, Amaryllis a recommencé sa crise :
"je ne veux pas travailler.
- Mais siiiiiii regarde, on en a parlé, voici ce que nous avions convenu.
- Non. Non !!
.... alors là, je me suis énervée, j'ai pris le contrat, j'ai déchiré et tout mis à la poubelle : "bon, puisque ça ne sert à rien, je jette le papier".
Amaryllis en a été tellement surprise qu'elle a cessé ses revendications... (et j'ai du ré-écrire le contrat, mot par mot 😆)
Les contrats sont affichés au-dessus de leurs bureaux. Ils ont été lus et relus les premières semaines, un peu moins maintenant (nous nous y référons de temps en temps, Amaryllis ayant l'art de chercher la faille... "Non, je mets mes affaires dans la machine si vous me le demandez ! Regarde-bien, c'est écrit "si A oublie, Maman lui demande de le faire" 👿 )
Les contrats voisinent avec le "contrat IEF quotidien" : la liste des activités à accomplir chaque jour.
Au début de l'année (septembre), Amaryllis pouvait choisir librement l'ordre des étiquettes, après la lecture.
Petit à petit, la routine quotidienne s'est enrichie (je rajoute une activité par mois... belle progression !!)
A ce stade (jusqu'en mars), Amaryllis pouvait choisir entièrement l'ordre des activités, étant entendu que tout devait être terminé à 15h et que la poésie était après la dictée (puisque la dictée lui fait réciter les mots de la poésie appris la veille...)
En avril, suite à divers conseils et réflexions, nous avons introduit des courtes pauses (10 minutes toutes les demi-heures travaillées). Tout devait être fini à 15h30.... étant entendu que le matin, je suis avec elles dans la salle d'activités, mais que l'après-midi, elles doivent être autonomes (je range la cuisine, prépare le dîner, etc).
Premier écueil :
Amaryllis avait tendance à repousser ce qui lui pèse ... voir à commencer par les 3 pauses enchaînées 😅 ... ! Et je me retrouvais souvent avec le travail dirigé à lui faire faire l'après-midi, ce qui m'agaçait un peu...
Il me fallait également caser le temps de travail avec Pervenche.
Voici donc ce à quoi nous avons abouti :
(étiquette = travail dirigé ; travail minuté = en autonomie)
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Amaryllis |
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Pervenche (étagères marrons = sensoriel Montessori !) le "calcul" varie : en ce moment, elle doit faire dans la semaine : le tableau de cent, les chaînes courtes, une addition et une soustraction dans le cahier, le serpent de l'addition |
Les fiches des filles sont glissées dans des pochettes plastiques, pour pouvoir être cochées à fur et à mesure.
J'ai l'impression de revoir l'organisation chaque mois... vais-je arriver à quelque chose de stable ?!
Pour l'instant, j'ai abandonné la narration du matin, nous (elles) n'arrivons pas à commencer suffisamment tôt...
Objectifs du mois : la réintroduire, et faire également des activités "éveil des sens" (relaxation, jeu de Kim, jeu du goût, etc)