Pendant nos dernières vacances, j'ai lu Au coeur des émotions de l'enfant, d'Isabelle Filliozat... et j'ai bien aimé.
J'ai égaré mes notes de lecture... mais voici ce que j'en ai retenu : l'idée fondamentale est que les émotions (de l'enfant mais aussi des adultes) doivent être exprimés... d'une façon socialement acceptable (sic) mais qu'il est légitime, normal, naturel, de ressentir et exprimer la joie, la colère, la peur, la tristesse. Le rôle des parents seraient donc d'apprendre à leurs enfants à reconnaître, comprendre, exprimer leurs émotions.
Cela parait évident dit comme ça, mais je dois dire que ça m'a bien éclairé, non seulement pour (essayer de !) comprendre les émotions de mes enfants, mais aussi les miennes. Ce n'était pas du tout ma façon de vivre !
Quelques exemples concrets (de chez nous) : Amaryllis joue sur le canapé malgré mes avertissements... et tombe. Ma réaction avant était de (me) dire "tiens, je te l'avais bien dit !"... Maintenant j'essaye de juste dire "oh, tu t'es fait mal", de la consoler si besoin (sans en rajouter non plus), et ensuite on réfléchit ensemble "qu'est-ce que tu étais en train de faire quand tu t'es fait mal ? - sauter sur le canapé ... ". En général elle comprend seule "la leçon" (ça ne l'empêche pas de recommencer, ça ou autre chose ...). En fait j'ai pensé que si, plus âgée, elle faisait "une grosse bêtise", elle n'oserait pas se tourner vers nous - ses parents - si la première réponse était "je te l'avais bien dit !" (bon ça n'est pas facile !)
Ou si Pervenche vient casser sa construction / attraper ses dessins / etc, Amaryllis crie, et essaye de la taper. J'interviens donc en disant "ah oui, Pervenche t'embête, tu es très en colère de voir qu'elle a abîmé ton activité, tu as envie de la taper !" (évidemment on ne tape pas !)
Si Amaryllis renverse son bol de chocolat en gigotant (et même si c'était une simple maladresse), j'exprime mon agacement : "ça va me donner du travail de nettoyer ta robe, et le sol ; et j'aurais préféré passer ce temps à jouer avec vous" (même si elle éponge elle-même).
Ou encore "je suis triste de voir que tu n'as pas fait attention à ta sœur et que tu l'as bousculée".
Si c'est le jour du shampoing (souvent source de cris...), qu'Amaryllis proteste, je ne cherche pas à la faire taire à tout prix, mais j'essaye de rester calme et de reformuler : "je vois bien que tu n'as pas du tout envie de te laver les cheveux"... tout en le faisant, puisque j'estime cela nécessaire.
Sans oublier d'exprimer les émotions positives : joie, amour, .... "je suis heureuse d'avoir passé ce temps à jouer avec toi".
Depuis que j'ai lu ce livre, je fais plus attention à ce que cherchent à exprimer mes filles, et également à ce que je ressens. Et ce matin j'ai eu la joie d'entendre Amaryllis dire "Pervenche a déchiré ma feuille, je suis triste !!" au lieu de la taper ! (ça n'est pas tous les jours comme ça !). Elle mélange encore les émotions (ici colère/tristesse), mais c'est un début !
Un autre passage traite du "conflit des besoins" : entre ceux des parents et ceux des enfants : "j'ai besoin de déjeuner dans le calme, qu'est-ce que tu pourrais faire ?". Je trouve que c'est plus juste d'exprimer d'abord son besoin, plutôt que de demander simplement (même très gentiment), "et si vous alliez jouer dans la chambre ?". D'ailleurs je pense que, même entre adultes, on gagnerait à exprimer avec simplicité ses besoins ! Il ne s'agit pas de réclamer à cors et à cris, mais de savoir reconnaître, et exprimer ce que l'on souhaite. Ce n'est pas pour autant que cela nous sera accordé d'ailleurs, mais notre désir est respectable.
Ou encore "tu as le droit d'être en colère, mais je te demande de ne pas crier juste à côté de moi, je suis fatiguée !".
L'auteur parle également des pleurs : elle propose de les accompagner, sans chercher à les arrêter, puisque c'est la façon de l'enfant d'exprimer quelque chose.
Ça m'a permis de mettre des mots sur ce que je ressentais, lorsqu'on dit à un enfant qui est tombé (par exemple), "ce n'est pas grave", "ne pleure pas", "tu n'as pas mal"... Si c'est grave (pour lui au moins !), il a mal, et il peut pleurer !
Il ne s'agit pas de tout accorder à l'enfant, ni que les adultes se mettent à crier dès qu'ils sont contrariés, mais d'apprendre à l'enfant à gérer ses émotions, sans les nier.
Bon, c'est la théorie... et je trouve que ça n'est pas facile tous les jours d'être ainsi à l'écoute, surtout quand ça nous renvoie à nos propres ressentis, qui étaient cachés...!
Ce que j'ai moins aimé : je trouve que l'auteur est beaucoup dans le ressenti et l'expression des émotions, mais qu'il manque la question "et maintenant, qu'est-ce que j'en fais"... mais peut-être le traite-t-elle dans un autre livre.
Notamment un point avec lequel je ne suis pas d'accord : l'auteur évoque le divorce des parents, comment le dire aux enfants etc. Mais je trouve qu'elle le présente d'une façon très neutre, et elle a même une phrase qui dit "si vous n'êtes pas heureux en couple, il vaut mieux se séparer"... et ça, je ne peux pas adhérer, le mariage est fondé sur l'amour-volonté, pas sur l'amour-sentiment. Le fait qu'on ne se sente pas heureux en couple n'est pas à négliger, mais j'ai trouvé qu'évoquer ainsi le divorce était un raccourci très regrettable, très dommageable. Mais ça n'était pas le sujet du livre, cela ne concerne qu'un chapitre.